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questions de guerre
ça date de 1999 et de ses guerres balkaniques, ça parait toujours d'actualité, on le laisse en l'état :
Si l'on peut sans cesse mobiliser
l'histoire, conjointement avec l'ethnographie, pour cautionner les
revendications des communautés sur l'air de l'éternité, alors pourquoi ne pas
pleurer la perte de la capitale de Charlemagne, notre empereur à la barbe
fleurie, et ne pas revendiquer Aix-la-Chapelle, en traitant les Allemands
rhénans d'infiltrés en terre latine ?
Quand les compartimentages à
l'infini et les purifications hargneuses vont-elles céder le pas aux
fédérations de l'avenir, capables de garantir les droits des personnes sur la
terre qu'ils habitent, tout en respectant les différents niveaux d'identité,
nationale, "ethnique", sociale, religieuse, sexuelle, etc ? Comment
ne pas voir que les groupes de pression fondés sur le primat de la naissance,
arcboutés sur des références archaïques et qui mobilisent leurs "frères de
sang" transformés en boucliers humains, répondent finalement à une logique
aristocratique et non aux valeurs de citoyenneté ?
Jean-Pierre
Chrétien
Pour la paix, contre la guerre :
qui ne l'est ?
Mais comment arrête-t-on ceux qui
pratiquent les génocides ?
Si l'Allemagne nazie n'avait pas
eu d'ambitions expansionnistes mais que sa seule politique ait consisté à
exterminer tous les juifs allemands, devrions-nous estimer qu'un gouvernement a
le droit de faire ce qu'il veut sur son propre territoire ?
Pourquoi contre cette horreur et
pas une autre ?
Pourquoi la Bosnie ou le Kosovo
et pas le Kurdistan, pas le Rwanda, pas le Tibet ?
Si divers états africains
s'étaient davantage souciés du génocide des tutsis au Rwanda pour intervenir
militairement, par exemple sous l'autorité de Nelson Mandela, aurions-nous
critiqué cette initiative comme étant afro-centrique ? Leur aurions-nous
demandé de quel droit ces états intervenaient au Rwanda alors qu'ils étaient
restés les bras croisés devant le sort des kurdes et des tibétains ?
Susan
Sontag
L'avez-vous vu vous même ?
Combien étaient-ils ? Comment ont-ils été abattus ? De face ? De dos ?
Combien étaient les agresseurs ? Comment étaient-ils habillés ? Y-a-t-il eu
d'autres témoins ? Quelle heure était-il ? Où étiez-vous placée exactement ? De
quel côté se trouvait le soleil ?
Questions
télé 23/04, à une réfugiée
"Dieu est mort, tout est
permis" clame le nihilste dostoïevskien. Posons-nous la question de savoir
si la structure du nihilisme n'est pas secrètement intrinsèque à la
mystique orthodoxe : et si c'était parce
que Dieu est irreprésentable et incontestable que tout est permis ?
Julia
Kristeva
Certes nous pouvons prouver notre
bonne foi en accueillant les survivants, mais pour combien de temps ?
Xavier
Brun
Au lieu d'une milosévication des
esprits, qui conduit à se résigner à une partition ethnique, ne peut-on ne
peut-on défendre "un vivre ensemble", une mandelaïsation des esprits
?
Pierre-Marie
Tricaud
Pourquoi qualifie-t-on
d'"ethnies" hutus en Afrique
et bosniaques ou kosovars, alors qu'on parle d'"identités nationales"
quand il s'agit des slovènes, des serbes, des croates ?
Pourquoi parle-t-on d'identités
régionales - ou nationales -, et non d'"ethnies" corse, irlandaise,
basque, bretonne ?
Contre serviettes chrétiennes,
torchons musulmans ( ou barbares ) ?
Mais que dit ce mot d'ethnie
sinon une mise à distance pseudo-scientifique, destinée à dévaloriser,
délégitimer, à bien marquer l'altérité, et qui masque, au fond, un mépris ?
Parler ici de "luttes
ethniques" - ce qui ne saurait au fond vraiment nous regarder, nous qui ne
sommes pas membres d'une ethnie -, et là d'"atteintes aux droits de l'homme"
- qui ne peuvent que nous concerner au premier chef, civilisés que nous sommes,
n'est-ce pas déjà poser notre prééminence ontologique ? Et notre légitimité à
décerner des niveaux de labélisation : humain, vraiment humain, vraiment
vraiment humain, etc...
Les kosovars sont-il des vraiment
complètement humains ? L'Afrique est-elle vraiment le vraiment vrai monde
? Et, un peu plus près, les Balkans
sont-ils au fond, de la vraiment tout-à-fait complètement Europe ?
Faiblesse, impuissance de
l'Europe ? Nanisme ? Ou plus simplement inadéquation parfaite d'une Europe
réalisée sur des bases commerciales, en fonction d'objectifs exclusivement
financiers, à toute intervention d'ordre politique, social, culturel, et, a
fortiori, moral ?
Jacques
Rebotier, « Du Kosovo et de ses collatéraux » dans Le Désordre des langages, 3
Va-t-on gagner ? Va-t-on perdre ?
Certaines nuits, je suis si
excité, je n'arrive pas à dormir.
Jamie
Shea, porte-parole de l'Otan
"Que faire des réfugiés
?" pouvait-on lire récemment dans la presse...
Désigner les kosovars par ce
qu'ils sont en réalité n'aurait-il pas rendu impossible d'énoncer : "Que
faire des déportés ?" sans trouver cette question obscène ?
Georges
Waysand/Francis-André Wollman
Ne craignez-vous pas que la guerre
finisse par lasser les téléspectateurs ?
Daniel
Psenny, Le Monde-télévision, question
à Patrick Poivre d'Arvor
Qui se souvient qu'entre 1912,
date de la première guerre des Balkans, et 1923, plus de deux millions de
personnes ont fait l'objet de déportation ? Que, dès 1912, les albanais du
Kosovo fuyaient leurs terres, terrorisé par les milices serbes et monténégrines
? Que ces moeurs furent entérinées en 1923 par le traité de Lausanne et
qu'elles permirent notamment à la Grèce, à la Bulgarie et à la Turquie de
renforcer, sinistre euphémisme, leur "homogénéité ethnique" ?
Fallait-il l'avoir oublié, ainsi que la vérole du national-communisme, pour
croire qu'on pouvait en finir avec de telles pratiques en livrant une
demi-guerre à cinq mille mètres d'altitude ?
Jacques
Almaric
Tout le monde dit qu'ils vont
venir nous sauver, vous savez quand ils vont venir ?
Anonyme,
Kosovo
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