dimanche 6 novembre 2011

questions de guerre


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questions de guerre

ça date de 1999 et de ses guerres balkaniques, ça parait toujours d'actualité, on le laisse en l'état :

Si l'on peut sans cesse mobiliser l'histoire, conjointement avec l'ethnographie, pour cautionner les revendications des communautés sur l'air de l'éternité, alors pourquoi ne pas pleurer la perte de la capitale de Charlemagne, notre empereur à la barbe fleurie, et ne pas revendiquer Aix-la-Chapelle, en traitant les Allemands rhénans d'infiltrés en terre latine ?

Quand les compartimentages à l'infini et les purifications hargneuses vont-elles céder le pas aux fédérations de l'avenir, capables de garantir les droits des personnes sur la terre qu'ils habitent, tout en respectant les différents niveaux d'identité, nationale, "ethnique", sociale, religieuse, sexuelle, etc ? Comment ne pas voir que les groupes de pression fondés sur le primat de la naissance, arcboutés sur des références archaïques et qui mobilisent leurs "frères de sang" transformés en boucliers humains, répondent finalement à une logique aristocratique et non aux valeurs de citoyenneté ?
Jean-Pierre Chrétien

Pour la paix, contre la guerre : qui ne l'est ?
Mais comment arrête-t-on ceux qui pratiquent les génocides ?


Si l'Allemagne nazie n'avait pas eu d'ambitions expansionnistes mais que sa seule politique ait consisté à exterminer tous les juifs allemands, devrions-nous estimer qu'un gouvernement a le droit de faire ce qu'il veut sur son propre territoire ?


Pourquoi contre cette horreur et pas une autre ?
Pourquoi la Bosnie ou le Kosovo et pas le Kurdistan, pas le Rwanda, pas le Tibet ?
Si divers états africains s'étaient davantage souciés du génocide des tutsis au Rwanda pour intervenir militairement, par exemple sous l'autorité de Nelson Mandela, aurions-nous critiqué cette initiative comme étant afro-centrique ? Leur aurions-nous demandé de quel droit ces états intervenaient au Rwanda alors qu'ils étaient restés les bras croisés devant le sort des kurdes et des tibétains ?
Susan Sontag



L'avez-vous vu vous même ? Combien étaient-ils ? Comment ont-ils été abattus ? De face ? De dos ? Combien étaient les agresseurs ? Comment étaient-ils habillés ? Y-a-t-il eu d'autres témoins ? Quelle heure était-il ? Où étiez-vous placée exactement ? De quel côté se trouvait le soleil ?
Questions télé 23/04, à une réfugiée


"Dieu est mort, tout est permis" clame le nihilste dostoïevskien. Posons-nous la question de savoir si la structure du nihilisme n'est pas secrètement intrinsèque à la mystique  orthodoxe : et si c'était parce que Dieu est irreprésentable et incontestable que tout est permis ?
Julia Kristeva

Certes nous pouvons prouver notre bonne foi en accueillant les survivants, mais pour combien de temps ?
Xavier Brun

Au lieu d'une milosévication des esprits, qui conduit à se résigner à une partition ethnique, ne peut-on ne peut-on défendre "un vivre ensemble", une mandelaïsation des esprits ?
Pierre-Marie Tricaud


Pourquoi qualifie-t-on d'"ethnies"  hutus en Afrique et bosniaques ou kosovars, alors qu'on parle d'"identités nationales" quand il s'agit des slovènes, des serbes, des croates ?
Pourquoi parle-t-on d'identités régionales - ou nationales -, et non d'"ethnies" corse, irlandaise, basque, bretonne ?
Contre serviettes chrétiennes, torchons musulmans ( ou barbares ) ?
Mais que dit ce mot d'ethnie sinon une mise à distance pseudo-scientifique, destinée à dévaloriser, délégitimer, à bien marquer l'altérité, et qui masque, au fond, un mépris ?

Parler ici de "luttes ethniques" - ce qui ne saurait au fond vraiment nous regarder, nous qui ne sommes pas membres d'une ethnie -, et là d'"atteintes aux droits de l'homme" - qui ne peuvent que nous concerner au premier chef, civilisés que nous sommes, n'est-ce pas déjà poser notre prééminence ontologique ? Et notre légitimité à décerner des niveaux de labélisation : humain, vraiment humain, vraiment vraiment humain, etc...
Les kosovars sont-il des vraiment complètement humains ? L'Afrique est-elle vraiment le vraiment vrai monde ?  Et, un peu plus près, les Balkans sont-ils au fond, de la vraiment tout-à-fait complètement Europe ?

Faiblesse, impuissance de l'Europe ? Nanisme ? Ou plus simplement inadéquation parfaite d'une Europe réalisée sur des bases commerciales, en fonction d'objectifs exclusivement financiers, à toute intervention d'ordre politique, social, culturel, et, a fortiori, moral ?
Jacques Rebotier, « Du Kosovo et de ses collatéraux » dans Le Désordre des langages, 3
       
                                                                                                                        
Va-t-on gagner ? Va-t-on perdre ?
Certaines nuits, je suis si excité, je n'arrive pas à dormir.
Jamie Shea, porte-parole de l'Otan


"Que faire des réfugiés ?" pouvait-on lire récemment dans la presse...
Désigner les kosovars par ce qu'ils sont en réalité n'aurait-il pas rendu impossible d'énoncer : "Que faire des déportés ?" sans trouver cette question obscène ?
Georges Waysand/Francis-André Wollman


Ne craignez-vous pas que la guerre finisse par lasser les téléspectateurs ?
Daniel Psenny, Le Monde-télévision, question à Patrick Poivre d'Arvor


Qui se souvient qu'entre 1912, date de la première guerre des Balkans, et 1923, plus de deux millions de personnes ont fait l'objet de déportation ? Que, dès 1912, les albanais du Kosovo fuyaient leurs terres, terrorisé par les milices serbes et monténégrines ? Que ces moeurs furent entérinées en 1923 par le traité de Lausanne et qu'elles permirent notamment à la Grèce, à la Bulgarie et à la Turquie de renforcer, sinistre euphémisme, leur "homogénéité ethnique" ? Fallait-il l'avoir oublié, ainsi que la vérole du national-communisme, pour croire qu'on pouvait en finir avec de telles pratiques en livrant une demi-guerre à cinq mille mètres d'altitude ?
Jacques Almaric


Tout le monde dit qu'ils vont venir nous sauver, vous savez quand ils vont venir ?
Anonyme, Kosovo






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