Participez à la lutte contre le DMI (Déficit Mondial Interrogatif) ! Envoyez une question ! Et soyez enfin sûr qu'il ne vous sera nullement répondu ! (Règlement, archives : en queue de blog)

dimanche 23 octobre 2011

Voulons-nous ou pas d'une société ?

Desdemona au théâtre de Nanterre-Amandiers, questions-réponses à Peter Sellars ; montage donne :
Libération, 18 octobre 2011.

... Si les autres s'affranchissent des règles et sont prêts à entraîner le pays dans une faillite totale, comment répondre ?
... Comment riposter ?
... Voulons-nous ou pas d'une société ?
... Est-ce le retour au féodalisme, avec des riches et des serfs ?
... Faut-il croire que nous avons vécu une période expérimentale de démocratie qui se termine ?
... Vous êtes si pessimiste ?


? 4 bis, pessimiste ++ : et des artistes, pour distraire les riches ?   JR

vendredi 21 octobre 2011

lundi 17 octobre 2011

Pourquoi voulez-vous que ça aille mal ? Comment voulez-vous que ça aille bien ?

Deux questions tirées du tissu cérébral de Bernard Bretonnière, lesquelles me renvoient inéluctablement à Jean-Luc Godard, pour qui la question échangée à tous coins de rue (ça va ?) devrait être remplacée par : comment ça va pas ?


Le texte intégral du satrape interrogatif B.B. :

QUELQUES QUESTIONS QUE JE ME SUIS POSÉES
DEPUIS LE 12 septembre 2001 (inédit)
une contribution au Théâtre des questions de Jacques Rebotier

Brian De Palma savait-il qu’il était né un 11 septembre ?
Un écrivain peut-il être effacé ?
Ouh là Bernard, / quelle journée se prépare ?
Pourquoi chante-t-on dans les opéras ?
Un comédien a-t-il quelque chose à dire de plus que son texte ? Et un écrivain ?
Comment en vouloir à une kidnappeuse ravissante ?
Où est l’amour ?
Combien pèse l’âme ?
Comment voulez-vous que ça aille bien ?
Pourquoi voulez-vous que ça aille mal ?
La pratique artistique entretient-elle les états mélancoliques ?
La pratique artistique empêche-t-elle de mourir ?
Est-ce qu’il vous est difficile d’aller bien ?
Qu’est-ce qui est plus fort que vous ?
Comment oser opposer quoi que ce soit aux lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke quand leur destinataire et préfacier, Franz Xaver Kappus, termine par ces lignes : « Et là où parle un grand, un être unique, les petits doivent se taire. » ?
Est-ce qu’il y aura toujours des riches et des pauvres ?
Pourquoi, de mes proches, la plus catholique est-elle la plus garce ?
La morphopsychologie justifierait-t-elle le délit de sale gueule ?
La morphopsychologie est-elle d’extrême-droite ?
Pourquoi Rimbaud a-t-il écrit A E I U O et pas A E I O U ?
Quelle est cette question grave, mystérieuse, qui ne cesse de m’occuper entièrement ?
Votre moi est-il dévoré par votre je ?
Que faisons-nous ensemble ?
Ce que vous avez dans la tête vous paraît-il clair ?
Comment ouvrir le sexe des sirènes ?
Qu’ont à taire les bavards ?
Peut-on écrire, dans un roman, « Son portable était déchargé » ?
Combien de centilitres, décilitres ou litres de sperme ont-ils coulé le 21 juillet 2004 dans le camping du Bois-Pastel, à Cancale ?
Comment peut-on avoir toujours l’esprit en éveil et être toujours absent à tes proches ?
Auriez-vous préféré être votre père ?
Comment dessiner de la neige avec un crayon noir ?
Pourquoi les caractères romains ne sont-ils pas italiques ?
Comment peut-on continuer à lire un auteur qui ose écrire : « Si je croyais encore à l’honneur, je ne le placerais pas dans la culotte d’une femme » – comment peut-on lire Éric-Emmanuel Slipp ?
Pourquoi y a-t-il davantage de points d’interrogation dans les poèmes que dans les traités de philosophie ?
Comment être catholique après l’Inquisition ?
Comment être communiste après le stalinisme ?
Pourquoi parle-t-on de sexes opposés et non de sexes différents ?
A-t-on le droit de faire des enfants ?
L’I.V.G. n’est-elle pas plus responsable que l’accouchement ?
À quoi pensez-vous quand vous me voyez ?
Qu’est-ce qui rend fou ?
Et la souffrance, qu’est-ce qu’on en fait ?
« J’ai un peu picolé » est-il toujours un euphémisme ?
Les poètes ne lisent pas les pièces de Philippe Minyana, mais Minyana lit-il les poèmes de Franck Venaille, de Pierre Tilman, de Lucien Suel, de Charles Kenneth Williams, et Venaille lit-il les pièces d’Yves Reynaud, de Marion Aubert, d’Yves Lebeau, de Pierre Notte, et Reynaud lit-il les livres de Pierre Michon, et que lit Michon à part Faulkner et Beckett ?
Çà ! Arracher le pieu du désespoir qui empêche – est-il un docteur qui sache ?
Pourquoi dit-on un plaisantin, et pas une plaisantine ?
Peut-on dire qu’un pont aux ânes est un schibboleth ?
Pourquoi les recettes de cuisine comptent-elles en centilitres et les ustensiles de mesure en millilitres ?
Comment peut-on claironner que la poésie, dont on trompète encore qu’elle n’a aucune frontière, est intraduisible ?
Pourquoi les grands arrosoirs contiennent-ils 11 litres et non 10 ou 12 ?
Pourquoi la vieille des Chaises d’Ionesco s’appelle-t-elle Sémiramis ?
Quand est-ce que ça n’a pas commencé ?
Qui est le plus célèbre : Patrice Drevet ou Patrick Drevet ?
Pourquoi le whisky me donne-t-il le hoquet, et pas le pastis ?
Que croire ?
Pourquoi des idées noires, et jamais de blanches ?
Comment s’appelait-elle, qui donnait toujours rendez-vous à deux hommes à la fois, et à leur insu ?
Pourquoi le papier de verre s’use-t-il quand on lui demande d’user le matériau contre lequel on le frotte ?
Où sont allées les phrases que j’avais notées sur de petits papiers qui, oubliées dans mes poches de pantalon, passèrent au lave-linge ?
Pour Christian Hubin
Pourquoi a-t-on choisi de me faire être humain (et non goutte de pluie, étoile, mot, livre, éponge, eau), et qui ?
Michel Mohrt est-il encore vivant ?
Ne saviez-vous pas que nous allions mourir ?
Pourquoi, dans les films pornographiques, les femmes gardent-elles leurs chaussures, et pas les hommes ?
Votre sympathie va-t-elle davantage aux pieds-noirs qu’aux pieds-rouges ?
Combien d’euros font trois francs six sous ?
Pourquoi n’existe-t-il pas de croquettes pour chats à la souris ?
Quelle serait l’Histoire si elle nous était contée par les vaincus plutôt que par les vainqueurs ?
Horst P. Horst, Noël Noël, Miou-Miou, Enzo Enzo et Ernest Pignon-Ernest sont-ils jamais allés à Baden-Baden ?
Serait-il correct qu’une actrice de films lesbiens prenne le pseudonyme de Minou-Minou ?
Pourquoi les productions pornographiques sont-elles toujours misogynes, ineptes et incultes ?
Les asticots savent-ils qu’ils vont devenir des mouches ?
Y a-t-il quelqu’un pour m’aider ?
Pitoyable ou tragique ?
Pourquoi n’existe-t-il pas de rues Donatien-Alphonse-François-de-Sade (1740-1814) ?
Dominique A a-t-il trouvé son nom de scène en lisant le 8e des 95 poèmes de E.E. Cummings : « dominic a / une poupée ficelée / sur le radiateur de son / VROUM BROUM » ?
Comment être lucide et participer à la comédie de ce monde ?
Et si nous continuons à vivre malgré la possibilité du suicide qui nous est offerte, n’est-ce par vanité ?
Pourquoi les savons d’hôtels moussent-ils si peu ?
Proust a-t-il conduit Joyce au bordel de Le Cuziat en mai 1922 ?
Pourquoi plus de mauvaises nouvelles que de bonnes ?
Comment peut-on appeler sa fille Cassandre ?
Pourquoi les vins sont-ils plus souvent bouchonnés au restaurant que chez nous ?
Un auteur dramatique peut-il être comique ?
Peut-on écrire sans adresse ?
Comment peut-on avoir un poil dans la main et se tourner les pouces ?
Pourquoi dit-on le Nutella quand c’est de la crème, et le ketchup quand c’est de la sauce ?
Mieux vaut-il mettre de l’ordre dans son esprit ou de l’esprit dans son ordre ? (question un peu volée à Valérie Rouzeau)
Pourquoi le vin de messe (« Ceci est mon sang ? ») est-il blanc ?
Comment aimer une seule femme ?
Pourquoi Malcolm Lowry a-t-il intitulé son roman Sous le volcan et non Sous les volcans (Popocatepetl et Ixtaccihuatl) ?
Comment continuer à vivre quand trois personnes vous ont jugé comme un salaud définitif ?
Le devoir conjugal revient-il à l’époux ou à l’épouse ?
Est-ce que vous pouvez comprendre que quand je bois c’est que j’ai mal, tellement mal ?
À quoi passez-vous ?
Où avez-vous caché la vérité ?
Pourquoi faire des phrases ?
Comment écrire aujourd’hui « Il pleure dans mon cœur / Comme il pleut sur la ville » ?
« Destinée fatale » constitue-t-il un pléonasme ?
Pourquoi les mannequins des vitrines ont-ils toujours les seins placés plus haut que les femmes que nous connaissons ?
De l’œuf ou de la poule, de la voix ou de l’instrument ?
Qui de l’huître, qui de la perle ?
Pourquoi l’humanité continue-t-elle de se reproduire ?
Que sait le fou de sa folie ?
Que sait la bête de sa bêtise ?
Les scientifiques sont-ils rationnels ?
Est-ce que vous voyez ce que je veux dire ?
Pourquoi existe-t-il du beurre demi-sel et pas plein sel ?
Est-ce que ce que je dis ce que je veux dire ?
Pourquoi ne sert-on pas en plat du jour dans les PMU un steak de cheval à cheval ?
Un gendarme peut-il lire un roman policier ?
Doit-on préférer la tendresse à l’amour ?
Comment mesurer la souffrance d’autrui ?
Est-ce que je commence à me faire douter ?
L’adjectif charentonnesque constitue-t-il une antonomase ?
Est-ce que j’ai fait du chemin ?
Quand cesserai-je de parler de moi ?
Le siège des Éditions Allia, au catalogue duquel figure Lire aux cabinets d’Henry Miller, propose-t-il des toilettes équipées d’une cuvette de marque Allia ?
Est-ce que la réponse est dans la question ?
Qui peut répondre, quoi ?



samedi 15 octobre 2011

Est-il l'heure ?

Exceptionnellement nous pouvons répondre : oui. 
D point C est donc citoyen d('h)onneur d'ordres – interrogatifs – du TDQ.
Vive Protag !


L’heure de la question

David Christoffel

Est-ce que vous savez vaincre votre réserve ?
À quoi vous voulez bien vous fier pour vous tenir en équilibre ?
Est-ce que vous savez faire quelque chose mieux ?
Pouvez-vous imaginer que ça a quelque rapport avec votre calme relatif ?
Sauriez-vous seulement dire relatif à quoi ?
D’abord, comment pouvez-vous savoir si vous avez plus l’équilibre ?

Dans quelle circonstance faites-vous surtout attention à pas tomber dans le creux de tout ça en terme de grande cause ?
Après les précautions pour ne pas tomber avant la question, qu’est-ce que vous dites qui est le plus important ?
Sinon, pourquoi vous voulez toujours vous donner l’impression de mentir quand vous parlez en général ?
Est-ce qu’il faut parler en général pour dire ce qu’on fait de mieux ?
Mais qu’est-ce qui fait bien de n’avoir aucune chance d’avoir la moindre pertinence ?
À quel point vos généralités sont pour ça mieux légères que les autres ?
Ou à quel moment pensez-vous préférable d’y revenir ?
Est-ce que vous considérez, de ce point de vue-là, que vous vous équilibrez assez bien vous-mêmes ?

Combien d’énergie vous pensez pouvoir produire maintenant ?
Est-ce que c’est plus ou moins que deux boîtes de médicament ?
Sachant que les médicaments sont la 7ème cause de mortalité en Suède, quand est-ce que vous arriverez à dire ce que vous préférez si vous ne faites pas des choses volontaires plus souvent que certaines choses automatiques ?
Est-ce que les compléments alimentaires que vous prenez sont en proportion de la perte de valeur nutritionnelle des aliments ou du rythme de vos non-réponses ?
Et pensez-vous que le renforcement de la sécurité alimentaire générale permettra l’empoisonnement nécessaire complet à l’équilibre des espérances de vie ?
Sous combien de temps pensez-vous que l’humanité est une question ?
Sur une échelle de 1 à 9, combien la Suède vous paraît-elle exemplaire ?
Et d’une manière générale, est-ce que le sentiment de persécution vous paraît plus fiable que la joie de partager ?

À la question « est-ce que vous êtes déjà tombé dans un faux trou ? », 70% des gens croient qu’on s’en prend à leur mollesse.
Avec la dure réalité du marché, voulez-vous parler du sexe de qui ?
Pour la question de savoir pourquoi ne pas la poser, est-ce que tous ceux qui tournent veulent toutefois vous encercler, faut-il à chaque fois ramener à l’initiative de ceux, combien faudrait pour ces phénomènes une pensée pas tellement individuelles. Ou alors : dans quelle situation faites-vous des belles phrases ?
Mais on ne sait pas si vous vous rendez compte, outre le fait qu’on se trouve gêné qui vaut toujours mieux que de savoir à quoi s’en tenir, le fait que ça peut vous dégoûter au bout d’un certain temps et qu’il vaut peut-être mieux biaiser à ce moment-là. C’est bien dès l’instant que les belles phrases peuvent être utiles.
Mais y a-t-il honte à la rhétorique ?
Est-ce que c’est une question ?
Non, parce que, si c’était juste pour dire, il faudra vous demander si vous ne préférez pas manger le temps de parole avec des informations plus déroutantes en terme de sauter sur l’occasion. Après, il y a toutes les questions de préférence.
Est-ce qu’Isabelle est plus intéressante que Jean-François ?
En fait : pourquoi ça peut être pire quand on change de sujet ?
On a à peine commencé, on en est déjà aux questions qu’on préfère ne pas se poser et déjà longtemps après : commence-t-il à être injouable avec ses histoires de règlement dans le questionnaire, qui déjà revient à demander ce que peut vouloir dire de vous laisser tranquille ?
Qu’est-ce qu’il restera de vous quand vous ne serez plus là ?
Y a-t-il vraiment quelque chose à gagner à faire la liste des questions qu’il vaut mieux ne pas poser ?
Comme ça peut toujours risquer d’être embarrassant, si ce n’est paralysant dans les situations limites et révélatrices, il est plus drôle de s’arrêter sur les questions qu’il ne faut pas se poser. Est-ce que c’est pour la tranquillité de tous ou pour en rassurer certains ?
Qui sont ceux parmi vous qui veulent bien se demander s’ils préfèrent se sentir rassuré ou que la question puisse revenir ?
Entre 10 et 20, quelle note de dangerosité pensez-vous donner à la proposition « rester sur les mêmes questions qui doivent se poser » ?

La valeur de ce qu’il aura donc fallu affirmer à la force des questions, pourrait-on l’appeler la question Protag. Que son inachèvement ne soit la question du fait que son affirmation principalement comme question ; la question Protag peut rencontrer, pour la forme, toutes sortes de problèmes. Et si tout le monde prenait le temps de répondre à toutes les questions, on ne pourrait pas plus enregistrer de réponses. La pertinence ne sera donc pas de les analyser. Il n’était donc pas utile de les entabler. Il était plus équilibré de mettre la contradiction hors du tapis pour que mieux se décentrer de par elle. C’est tout Protag. (la question américaine et le droit des robots n’étant donc pas mis à part).

jeudi 13 octobre 2011

De quoi David Christoffel n'est-il pas non ?


mardi 4 octobre 2011

courrier aux questionneurs


Cher correspondant (e),
vous me demandez: le Théâtre des  questions, qu’est-ce que c’est ? Bonne question. C’est un processus sur plusieurs années. Au départ, des milliers de questions recueillies en différents points de la planète. A l’arrivée, quisas ?, un spectacle, “La Réponse à côté“ : un spectacle fait de mots, de gestes, d’acrobaties, de lumières, de mouvements, de signes, de sons.
Le départ : une grande collecte de questions, cueillette par courrier, fax, téléphone, internet et aussi par des objets-boîtes à lettres qui voyagent à travers le monde : France, Irlande, Maroc, Allemagne, Etats-Unis pour le moment. 
La boîte, les boites, sont prêtes à recevoir vos questions, sur tout, sur vous, sur les autres, sur la vie, sur rien. Avec enfin cette certitude absolue de ne jamais avoir de réponse.
La grande cueillette a commencé dans toutes les langues, dans toutes les bouches. Elle formera à l’arrivée le prologue multilingue et multiglingue du spectacle “La Réponse à côté“.  Entre ce point d’arrivée et le point de départ, le Théâtre des questions se développera comme il en aura envie. Il aura sans doute son règlement, ses lois, ses horaires de travail, ses partis politiques, sa cuisine, son mobilier, ses dieux, sa bibliothèque, ses jouets, ses cartes routières, ses livres d’histoire, sa poste et ses timbres, sa constitution, ses cérémonies, ses sondages, ses questionnaires, ses oeuvres d’art, sa police, son catéchisme, ses poubelles. Il y aura de temps à autre des Etats de la question, des rencontres-spectacles où nous ferons ensemble le point sur l’état de dégradation du projet.
Amis questionneurs, vous êtes-vous jamais posé la question de savoir si vous aviez une question ?
Si oui, vous êtes mûrs pour participer au Théâtre des questions. Si non, également.
Questionneurs du premier degré, vous devez donc oser déposer une question dans la boîte à questions.
Questionneurs du deuxième dan, c’est un appel : sculpteur, graphiste, homme politique, écrivain, marin, vous pouvez participer au projet exactement comme vous en avez envie, fabriquer des objets, textes, actions, réaliser des bretelles de dérivation, faire dévier de sa route le Théâtre des questions comme vous l’entendrez et, je l’espère, contribuer à le conduire avec nous sur la voie du désastre parfait.
juin 2001


dimanche 2 octobre 2011

A placarder partout, vite !



Manifeste pour placards 

Le théâtre des questions est politique.
Il agit instantanément. Il est contre, et sans indication.

Le théâtre des questions est poétique.
Il ne veut pas dire ce qu'il fait. Il ne sait pas ce qu'il dit, et ne le fait pas dire.

Le théâtre des questions est prophétique.
Bientôt les questions n'envahiront-elles pas le monde ?
Ne traqueront-elles pas dans leurs dernières tranchées réponses et répondeurs ?
Ne prendront-elles pas demain le pouvoir absolu relatif ?
Si.

Le théâtre des questions c'est la guerre.
Le 20 mars 1999 a été lâché dans les rues de Saint-Nazaire un commando de justes, afin de remplacer tous les répondeurs de la ville par des questionneurs. Nous sommes prêts à tout. Tout est prêt. Pourquoi les répondeurs ne répondent-ils jamais ? Les imposteurs seront démasqués et renvoyés à leur poste.

Le théâtre des questions ne recule jamais.

Le théâtre des questions est personnellement collectif.
C'est l'affaire de un et de tous et de tous en un, ne sommes-nous pas plusieurs en nous-mêmes, vous êtes plusieurs en vous-mêmes, ils sont plusieurs eux-mêmes, vive Un.

Le théâtre des questions sera intraitable. Et non traité.

Le théâtre des questions est inusable. Et inusité.

Le théâtre des questions procède par sinuosités.
Il avance dans les esprits en rampant et en insinuant. Il crache sur ce qui est droit et le rend courbe.

Le théâtre des questions est irresponsable.
Parce qu'il n'est vraiment pas responsable d'imposer au monde autant de réponses et de poser aussi peu de questions. Proposition : renversons.

Le théâtre des questions se constitue à la seconde en République des questions, avec ses écoles, ses règlements, ses villes, ses jardins, ses cordonniers, ses routes, ses bombes, son gouvernement, ses archives, ses vêtements, ses dérèglements, sa police, ses enquêtes, ses questeurs parfaits, son inquisition, son théâtre, sa religion stupide, ses cimetières, ses prisons, ses chansons.
Participez à son élaboration en devenant dès maintenant ministre de je sais pas quoi !

Le théâtre des questions est renversable renversant.
Renversons la funeste tendance au beaucoup trop de questions et au bien pas assez de questions. Osons des questions ! Posons des questions ! Proposons aussi l'inverse des questions !

Le théâtre des questions appelle de ses vœux la constitution qui fera de lui l’état de la question, avec ses lois rien qu'en questions. Ho - ho !

Le théâtre des questions est irresponsable.
Il ne répond à rien il ne répond rien il n'entend pas ce qu'on lui dit.
Il coule, comme sable.

Le théâtre des questions ne regrette rien.
Il mord, il croque dans la mort, et il remord.

Le théâtre des questions est irresponsable.
Il pense et ment comme une éponge.

Le théâtre des questions est tendancieux,  Le théâtre des questions est tendance, Le théâtre est furieux.

Le théâtre des questions est irresponsable.
Il marche à côté des ponts. Il bombarde les impôts.

Le théâtre des questions est irrévérent.
Irréversible. Irrédentible.

Le théâtre des questions est irresponsable.
Il est sourd à tout ce qui est déjà lui.

Le théâtre des questions est irrespirable.

Le théâtre des questions est impensable.
L’impeccable impensé, l’insensé.

Le théâtre des questions est impossible !, voir Théâtre impossible n°5 à 8.

Le théâtre des questions est utopique.
Utopique, uchronique, ce qui s'entend sans lieu ni date, sans espace, et sans temps.

Le théâtre des questions est inépuisable, léger, épuisant.
Il se pose là et ne se retient pas.

Le théâtre des questions est manifeste.
Le monde l'attendait, on n'attendait que lui. Sa manifestation était infiniment prévisible. Il restera invisible jusqu'en 2212.

Le théâtre des questions est subversif et muet.
Il sait se taire dans la confusion des contraires. Il sait se faire porteur de la parole du faible. Il est sourd à tout ce qui n'est pas l'inverse. Dites "l'inverse".
– L'inverse.

Le théâtre des questions est poétique immobile. Poésie-poésie : ne rien faire.

Le théâtre des questions est notre « moteur à éternelle essence », Ronsard.
Il est stabilité parfaite car mouvement continu. Il se perpétue. Il me tue.

Le théâtre des questions est une bicyclette.

Le théâtre des questions est la réponse absolue.
Le théâtre des questions est la réponse absolue au pléonasme redondant. Il est tautologiquement contradictoire. Il est.

Il est le paradoxologue transparent. Il est absolument vivant. Il hait ce qui n'est pas vivant, ou mort. Il est fort.

Le théâtre des questions est l’hermaphrodite androgyne. Il se multiplie par tout ce qui n’est pas lui.

Le théâtre des questions endort les éveillés et éveille les endormis. Et il laisse les entre-deux comme ils sont.

Le théâtre des questions engrosse tout ce qui passe à sa portée. N’admettez pas les contre-incitations ! Méfiez-vous des conceptions ! Tombez pas entre ses pieds !

Le théâtre des questions est en question perpétuelle.
Il quête, il enquête sans cesse ni relâche. Il est assez bête.

Le théâtre des questions est en question.
On peut douter de sa santé. Non ?

Le théâtre des questions est pathétiquement sourd.
Son inutilité est flagrante.

Le théâtre des questions est autonettoyant, autodécapantautodestroyeur, autodéflagrant. Il s'élimine lui-même avec sauvagerie toutes les 37 secondes.

1,       2,      3................

Le théâtre des questions est la réponse absolue.

Le théâtre des questions est la non-réponse absolue.

Le théâtre des questions est l’irréponse absolue.        

Le théâtre des questions prend la parole qu’on lui passe et ne la rend jamais. Ne commencez surtout pas avec lui ! Ne lui lancez pas le premier mot ! Fuyons !
                                                                                   
35,         36 !             ### 

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Pour des raisons évidentes de sécurité, nous vous demandons d'évacuer immédiatement vos cerveaux et d'aller à Bordeaux.

Le présent avis sera placardé sur tous les murs de toutes les villes à partir de demain.
Il est permis de l'arracher.